Le décrochage scolaire est une problématique sociétale contemporaine d’importance, qui mobilise le ministère de l’éducation nationale, et ce à travers plusieurs plans d’intervention récents. Le terme de décrochage (dropout chez les anglo-saxons) semble avoir remplacé celui d’échec scolaire et il dénonce le fait que 140 000 élèves sortent chaque année du dispositif scolaire sans diplômes
ni qualifications professionnelles, alors que 620000 jeunes de 18 à 24 ans sans diplôme restent durablement en dehors de tout système de formation. Les coûts en termes humains, sociaux et économiques en sont massifs et inacceptables.
Pour autant la notion de décrochage scolaire, même si l’on veut bien lui reconnaître une multiplicité de facteurs de risques, met davantage l’accent sur les effets que sur les processus à l’œuvre dans sa survenue. De plus, la prévention et la mobilisation actuelles impliquent essentiellement les pédagogues et leurs partenaires, sans mention des psycho(patho)logues, la dimension psychologique du décrochage n’étant souvent évoquée qu’au titre des effets négatifs de celui – ci sur la sacro – sainte estime de soi.
La perspective psychopathologique, que nous défendons ici, ne signifie pas que tous les décrocheurs scolaires souffriraient de troubles psychopathologiques, mais qu’il est essentiel de prendre en compte la dynamique psychique et relationnelle de l’élève, toujours singulière, qui sous-tend le processus de décrochage ; regard sans lequel les mesures concrètes de prévention et d’aide risquent de constituer un vœu pieu supplémentaire. Le bilan psychologique de l’enfant et de l’adolescent décrocheur ou à risque de décrochage reste, selon nous, un outil majeur d’analyse et de soutien à l’action nécessairement multidisciplinaire qu’implique cette réalité.
Avec A Birraux, JY Chagnon, T Rebelo du CILA