ARGUMENT
Le traumatisme est une expérience de détresse sans recours. Pour le sujet assailli par une accumulation d’excitations, l’expérience traumatique s’accompagne d’un vécu d’effraction, ou d’hémorragie interne, sans même laisser le temps au signal de l’angoisse d’opérer. Le traumatisme reste « l’une des notions les plus indécises de la psychanalyse, voire des plus équivoques » (P. Le Guen), si elle manque d’être conçue en tant que notion fondamentalement dialectique. Freud (1939) soulignait ainsi que « les traumatismes peuvent susciter deux sortes d’effets, des effets positifs et des effets négatifs ».
Dès lors, quelle place l’adolescence vient-elle occuper dans l’histoire traumatique du sujet ? Quels liens se tissent entre « trauma pubertaire » et traumatismes de l’enfance, entre après-coup pubertaire et après-coup traumatique ? Le processus adolescent réactualise-t-il, voire répète-t-il, les traumatismes antérieurs ? Faut-il considérer, au contraire, que les processus adolescents constituent une chance d’élaboration secondaire de noyaux traumatiques « froids », en lien avec des carences précoces, ou de noyaux traumatiques « chauds », en lien avec des situations trop excitantes, génératrices d’un afflux d’excitations non assimilable par le Moi ?
Ainsi, les réflexions proposées au cours de ce colloque chercheront à préciser quelle place viennent occuper les figures traumatiques de la séparation à l’adolescence. En particulier celle du deuil traumatique, telle que l’interroge la « clinique littéraire » de Styron, qui illustre les possibilités et les limites d’une réparation narcissique par l’activité créatrice ? En quoi la prise en compte du contre-transfert peut-elle s’avérer décisive pour s’extraire d’une névrose traumatique ? Comment le cadre de la cure et les relais institutionnels sont-ils susceptibles de produire une forme de « néo-étayage », de « scénographie du soin de l’être », ou de « néo-hystérie » primaire, en lieu et place de la répétition traumatique ?
Seront également questionnés, dans un souci de croisement épistémologique, ce que peuvent apporter à la compréhension du trauma la connaissance des aspects neurophysiologiques et épigénétiques, l’étude de la mémoire, ainsi que la place du corps dans les troubles post-traumatiques et dans la cure. Enfin, nous terminerons cette journée par une réflexion sur les conditions et les modalités d’une possible résilience à l’adolescence, l’exposé conclusif de Boris Cyrulnik accentuant l’idée que « l’Histoire (adolescente) n’est pas un destin ».
PROGRAMME
Matinée
8h30 : Accueil des participants
8h45 : Florian Houssier : Ouverture et introduction du colloque.
9h : Philippe Givre : « Théories psychanalytiques du trauma et du traumatisme ».
9h30 : François Marty : « L’adolescence est-elle traumatique ? (L’après coup pubertaire) ».
10h : Discussion
Président de séance : Jean-Yves Chagnon
Discutant(e)s : Vincent Cornalba – Marion Haza
Pause
10h40 : Rémy Puyuelo : « Scènes d’écriture. Adolescence et après coups ».
11h10 : Discussion
11h20 : Emmanuelle Caule : « Trauma négatif et adolescence ».
11h50 : Catherine Matha : « Le masochisme : un destin du traumatisme à l’adolescence ? ».
12h20 : Discussion
Discutant(e)s : Brigitte Blanquet – Jean-Yves Lefourn
12h45 Pause déjeuner
Après-midi
14h15 : Mireille Guittonneau-Bertholet : « Après un viol, (re)naître comme sujet ».
14h45 Alix Bernard : « Réparations narcissiques d’un deuil traumatique à l’adolescence (d’après Styron) ».
15h15 : Discussion
Président de séance : Jean-Yves Lefourn
Discutant(e)s : Delphine Bonnichon – Jean-Yves Chagnon
Pause
16h : Jacques Dayan : Neurosciences et psychanalyse du trauma à l’adolescence : cohérence et discordance.
16h30 : Discussion
16h45 : Boris Cyrulnik : Résilience à l’adolescence.
17h25 : Discussion conclusive
Discutants : F. Houssier – F. Marty – J. Dayan – E. Caule – Ph. Givre
17h45 – 18h : Conclusion : Florian Houssier
Mail : cila.colloque@gmail.com
Le vendredi 18 décembre 2020
Espace Reuilly, 21 rue Henard – Paris 12ème
bulletin d’inscription : Plaquette Colloque CILA trauma ok